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Calédoblog
11 avril 2007

Le coin des poètes - 2

   Louise Michel est une figure emblématique en Nouvelle-Calédonie. Voici sa biographie :

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1830 : naissance en France (Haute-Marne).
1852 : elle devient institutrice.
1870 : fin de l’Empire, la République est proclamée.
1871 : lors de la révolte du peule parisien contre la République (la Commune de Paris), Louise Michel suit le peuple et s’engage pour la défense de Paris et le soin aux blessés.
Elle est arrêtée et condamnée à la déportation (à Ducos).
1873 : elle arrive en Nouvelle-Calédonie et devient institutrice pour les enfants de déportés.
1874 : Louise Michel se consacre à l’observation de la faune et de la flore calédonienne, s’attache à comprendre les kanak et à apprendre leurs langues, continue à enseigner.
1878 : elle apporte son soutien moral à la grande révolte menée par le Chef Ataï.

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le chef Ataï 

1880 : avant d’avoir pu mener à bien son projet d’ouvrir des écoles de brousse, elle doit rentrer en France.
1905 : après des années d’engagements politiques, féministes, pédagogiques, la "Vierge Rouge" décède à Marseille.

Aujourd’hui, une rue porte son nom à Nouméa, et une école à Bourail.
Voici un de ses textes, paru dans Légendes et Chansons de Gestes Canaques (1875) :


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VI - Les Blancs
   Homme blanc, d’où viens-tu ? Il a fallu bien des écorces pour tisser les ailes de ta pirogue ; bien des arbres pour la creuser.
   Quelle puissance t’a donc arraché à ta case pour être venu d’aussi loin ?
   Car tu viens du plus loin qu’habitent les hommes, sous le froid soleil qui les rend pâles.
   Si tu étais parti des îles que nous connaissons, à peine les ailes de ta pirogue seraient froissées tandis qu’elles sont usées par le vent, comme s’il y avait soufflé dix fois l’igname.
   Homme blanc, que nous diras-tu pour être venu d’aussi loin ?
   Dans ton pays, on mange tous les jours, car un jeûne d’un matin paraissait t’incommoder ; que nous donneras-tu de tant de richesses ?
   L’homme blanc ne raconte rien ; il ne donne rien. L’homme blanc s’établit dans le pays avec ses compagnons ; ils y semèrent les grains dont la race pâle se nourrit et les gardèrent pour eux ! On les avait reçus en frères mais ils ne le furent pas.
   Depuis que les hommes blancs sont venus, on ne compte plus le nombre de fois qu’on a récolté l’igname ; on n’en fait plus la fête, on ne compte plus rien.
   Les jours passent comme les gouttes d’eau du grand lac ; pourquoi le mesurerait-on, puisque les pirogues ailées garderont toujours le rivage.
   Ils ont pris Counié à la ceinture pâle ; ils ont pris N’ji chevelure de brousse ; ils ont tout pris.
   Plus jamais l’homme des îles ne sera joyeux ; plus jamais il ne dansera sur la rive le pilou des mers.
   C’est ainsi qu’il disait, le vieillard de Counié, mais les jeunes se mirent à rire, ils dansèrent avec les filles blanches et leur donnèrent les colliers de jade de leurs mères ; ils échangèrent avec les hommes des grandes pirogues les haches de pierre de leurs pères pour les kougas (fusils) des Blancs.
   Et [avec] toutes les ignames ils formèrent sur la rive le pilou des mers.



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